Téléphones mobiles, tablettes, ordinateurs portables : la prolifération des appareils numériques devient un problème pour la planète car, une fois arrivés en fin de vie – chaque année, près de 50 millions de tonnes de déchets informatiques sont générés – leur taux de recyclage est faible. Il est essentiel de l’améliorer pour ralentir le changement climatique et éviter de nuire à l’environnement.

Les différents types de déchets informatiques et électroniques

Combien de téléphones portables avez-vous eus dans votre vie ? La réponse à cette question vous donnera une idée de l’impact que les déchets technologiques – ou e-déchets – ont sur la planète. Selon MarketWatch, en 2018, les consommateurs ont remplacé leurs mobiles tous les 15 mois. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit les déchets électroniques comme tout appareil alimenté par l’énergie électrique qui a atteint la fin de sa vie utile. Nous ne parlons donc pas seulement des téléphones portables. Examinons quelques-uns des types de DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) qui existent selon une directive de l’Union européenne (UE) :

• Réfrigérateurs, congélateurs et autres équipements de refroidissement.
• Ordinateurs et équipements de télécommunications.
• Appareils électroniques grand public et panneaux solaires.
• Téléviseurs, moniteurs et écrans.
• Ampoules LED.
• Distributeurs automatiques.

Le problème des déchets informatiques dans le monde

Selon un rapport de l’ONU, le monde a généré 48,5 millions de tonnes de déchets électroniques en 2018. Ce chiffre souligne l’importance croissante du recyclage, qui jette également des statistiques inquiétantes : à peine 20% de ces déchets sont recyclés. Si nous continuons ainsi, l’ONU estime que nous pourrions atteindre 120 millions de tonnes de déchets électroniques d’ici 2050.

Le volume des déchets électroniques produits dans le monde et la mauvaise gestion du recyclage représentent un danger pour l’environnement. Parmi les substances les plus courantes que l’on retrouve dans ces articles mis au rebut, on trouve le cadmium, le plomb, l’oxyde de plomb, l’antimoine, le nickel et le mercure. Ces éléments toxiques polluent les rivières, les lacs et les mers, et libèrent dans l’atmosphère des gaz qui perturbent les écosystèmes. Le retour à un modèle de production et de consommation qui réduit la quantité de déchets électroniques ne peut donc plus être repoussé.

La consommation responsable, capable d’allonger la durée de vie utile et de ralentir la croissance de ces déchets, est l’une des réponses au problème. « La réutilisation des dispositifs technologiques est devenue la seule option, face à un système de recyclage inefficace, pour réduire les niveaux de déchets électroniques », souligne Thibaud de Larauze, PDG de Back Market. En 2014, cette entreprise française a opté pour le reconditionnement électronique et a été considérée comme l’une des plus innovantes d’Europe.

Comment réduire et recycler ses déchets informatiques

« Les déchets électroniques mondiaux constituent le flux de déchets qui connaît la croissance la plus rapide », affirme Peter Bakker, président du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (WBCSD). Face à ce constat, il demande des mesures urgentes. Jetons un coup d’œil à certaines d’entre elles :

Réduire sa consommation

Nous utilisons de plus en plus d’appareils et nous les remplaçons plus souvent. Changer cette habitude dépend autant du consommateur – qui devrait être moins sensible aux stratégies marketing qui incitent à la consommation – que des fabricants qui adoptent de plus en plus des politiques comme l’écoconception.

Réutiliser son matériel

Les experts du recyclage électronique recommandent de laisser en héritage à des amis ou à la famille les appareils qui fonctionnent encore, ou de les proposer sur le marché de l’occasion. Il est également possible d’en faire don à des organisations caritatives spécialisées.

Recycler ses déchets informatiques

Lorsque l’appareil ne fonctionne plus et qu’il n’y a aucune chance qu’il soit utilisé par un proche, il faut opter pour le recyclage. Le consommateur peut par exemple remettre l’ancien appareil au magasin où il achète le nouveau ou à une entreprise spécialisée dans la remise à neuf des appareils électroniques.

L’objectif de développement durable (ODD) 12 des Nations unies évoque la nécessité de « garantir des modes de consommation et de production durables ». En ce qui concerne les appareils électroniques mis au rebut, il s’agit de parvenir à une gestion écologiquement acceptable tout au long de leur cycle de vie, ainsi que de réduire les rejets de poisons dans l’atmosphère, l’eau et le sol afin de minimiser leur impact négatif sur la santé et l’environnement.

Les avantages du recyclage des déchets informatiques

Selon un rapport publié en 2019 par le magazine Environmental Science & Technology, il est 13 fois plus coûteux d’extraire des minéraux des gisements naturels que de les récupérer à partir de déchets technologiques pour la fabrication de nouveaux dispositifs. L’obtention de minéraux comme le platine, le cuivre et le palladium n’implique pas seulement de les creuser et de les traiter, elle nécessite également l’utilisation d’énormes quantités d’eau et d’énergie. C’est là qu’intervient le concept d’économie circulaire, fondé sur l’utilisation de matériaux provenant d’articles recyclés et sur une moindre dépendance à l’égard de l’extraction de ressources vierges.

Le recyclage des gadgets électroniques n’améliore pas seulement la qualité de l’environnement, il apporte également d’autres avantages. L’Union internationale des télécommunications (UIT) estime que ces articles, correctement recyclés, pourraient générer des opportunités d’une valeur de plus de 62,5 milliards de dollars par an et créer des millions de nouveaux emplois dans le monde. Dans cette optique, cette organisation et les Nations unies se sont fixé pour objectif de porter le recyclage mondial à 30 % et d’atteindre 50 % dans les pays disposant d’une législation sur les déchets électroniques.

Les mauvaises pratiques dans le traitement des déchets électroniques sont un handicap et, paradoxalement, elles abondent dans les pays qui en ont le plus. Nous parlons ici des pays en développement – Asie du Sud-Est et Afrique subsaharienne – qui génèrent un impact environnemental négatif par manque d’infrastructures adéquates. Parmi les méthodes illégales, la principale est le « recyclage informel », qui consiste à utiliser des produits toxiques à l’air libre et dans des bains d’acide.